Lettre de Raphaël Gani dans Le Devoir, 5 septembre 2013. (réservé aux abonnés)
Les ministres Marie Malavoy et Pierre Duchesne ont annoncé que l’enseignement de l’histoire du Québec sera revu de fond en comble en 2013-2014. Ils justifient cette réforme notamment par l’ignorance des jeunes envers les moments fondateurs du Québec. Or, coup sur coup, quand des chercheurs demandent à de jeunes Québécois de raconter l’histoire du Québec, la majorité des réponses obtenues sont éclairées par le phare de la Conquête. La guerre de la Conquête est l’événement le mieux mémorisé, et celui qui est le plus chargé émotivement (négatif).
Pour paraphraser l’historien Guy Frégault, c’est lors de la Conquête que le peuple canadien fut brisé : cette interprétation est dominante aujourd’hui. Les jeunes et les moins jeunes jugent la Conquête comme la cassure dans le parcours de la collectivité québécoise. Une dizaine de chercheurs arrive à ce constat. Il est étayé depuis 2002 au sein d’une thèse de doctorat, trois mémoires de maîtrise, un livre et deux articles savants. Non encore publiées, des données récoltées au Musée de la civilisation et au Moulin à paroles corroborent aussi ce constat. […]