Simon Couillard dans Le Devoir, 11 mai 2013.
Dans une « note de lecture » écrite au sujet de l’ouvrage Humanisme et terreur de Maurice Merleau-Ponty, à la fin des années 1940, Paul Ricoeur, dont 2013 marque le centenaire de la naissance, affirmait qu’« il est parfaitement admissible qu’il y ait sur l’histoire des vues partielles et multiples. Il nous suffit parfois de discerner et de construire, ici et là, des îlots d’intelligibilité ».
Cette position, courageuse à une époque où, comme le dira Jean-Paul Sartre une décennie plus tard, le communisme et son matérialisme historique représentaient un « horizon philosophique indépassable », il l’a assumée jusqu’à la rédaction au tournant du siècle de son dernier ouvrage, La mémoire, l’histoire, l’oubli (Seuil, 2000).
Au moment où le gouvernement du Québec songe à réintroduire des dimensions politiques et nationales dans l’enseignement de l’histoire et où des députés conservateurs proposent de réévaluer la manière dont on enseigne cette matière d’un océan à l’autre, analyser cette position sera sans doute fructueux, croyons-nous.
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