Lettre de Sirma Bilge, professeure agrégée au département de sociologie de l'Université de Montréal, dans LaPresse.ca, le 4 septembre 2013.
J'écris ces lignes au lieu de terminer mes préparatifs pour la rentrée. Je suis professeure d'université et, le lendemain, j'enseigne deux cours. Et je suis découragée. Je ne suis pas découragée de mon travail, mais du nouveau projet du gouvernement québécois: le lancement d'une «démarche gouvernementale qui mènera au renforcement de l'enseignement de l'histoire nationale au primaire, au secondaire et au collégial».
Je suis découragée et je suis inquiète. Mardi, je donnais un cours de sociologie au premier cycle sur les relations ethniques, le racisme et le nationalisme. Nous aurons au programme, plus tard dans la session, un texte d'Étienne Balibar qui traite de la fabrique de la nation, des sujets nationalisés - homo nationalis, comme il l'appelle. Il s'appuiera aussi sur le philosophe Louis Althusser, ses réflexions sur les appareils idéologiques d'État, notamment le système d'éducation.
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