Article de Louis Cornellier dans Le Devoir, 10 novembre 2018.
J’aurais bien aimé enseigner l’histoire du Québec au secondaire ou au collégial. Je n’aurais pas hésité, pour stimuler l’intérêt des jeunes, à me faire conteur et à emprunter la veine épique. Une histoire nationale, bien mise en narration, est toujours une épopée, et je connais peu de gens qui résistent à un bon récit.
Pour captiver mes élèves, j’aurais pigé sans vergogne dans la trame nationale politique, dans les bons travaux d’histoire sociale, et je n’aurais pas hésité à élever quelques monuments aux héros de notre aventure, tout en esquintant au passage les zéros du passé.
Par souci d’objectivité, et parce que la controverse fait partie de la nature de l’histoire, j’aurais privilégié un enseignement axé sur les débats historiographiques. Pour parler de la Conquête, j’aurais convoqué Guy Frégault, pour qui elle fut une catastrophe, et Marcel Trudel, pour qui elle eut « aussi ses avantages ». Nous aurions eu du plaisir.
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