Lettre de Rodolphe De Koninck et un collectif de géographes dans Le Devoir, 12 mars 2014.
Comment peut-on prétendre enseigner et étudier l’histoire d’une nation ou, dit de façon plus neutre, l’histoire d’un territoire, sans privilégier l’enseignement et l’étude de sa géographie? Comment peut-on, en étudiant la première, faire l’économie d’étudier le lieu de son déploiement? Car toute histoire nationale a une géographie, elle aussi pleine de rebondissements.
Au Québec, cette tentative de prestidigitation est pourtant manifeste dans l’actuelle ambition avouée de marginaliser l’étude de la géographie au profit de celle de l’histoire, via la refonte des programmes d’enseignement des sciences humaines et la proposition d’une modification au Règlement sur le régime des études collégiales […]. Quel que soit le jugement que l’on puisse porter quant à l’opportunité ou l’opportunisme d’un tel choix, il faut y voir une malheureuse erreur, déjà contestée par un premier collectif de géographes (Cf. «Quelle histoire pour la géographie?», Le Devoir, 11 octobre 2013). Et, doit-on ajouter, une étonnante contradiction. En effet, en octobre 2013, le gouvernement du Québec déposait devant l’Assemblée nationale sa Politique nationale de la recherche et de l’innovation 2014-2019 […] comprenant trois axes parmi lesquels la géographie devait jouer un rôle de premier plan: 1) changement démographique[…]; 2) développement durable […]; 3) identité québécoise […]. Il apparaît donc clairement que, dans l’esprit de ceux qui ont conçu cette politique, la géographie est incontournable.
[...]