
Article de Denise Bombardier paru dans Le Devoir le 26 novembre 2010
Jacques Cartier et Champlain sont des ponts, Versailles est un centre commercial de l'est de Montréal, Jean Lesage est une autoroute, Louis-Hippolyte Lafontaine est un tunnel et Trudeau, un aéroport. Toute cette chronique pourrait être consacrée à faire la démonstration de l'insondable inculture en matière d'histoire des jeunes d'aujourd'hui. Et dire que ce sont des représentants des «baby-boomers» dégoulinant des luttes identitaires qui sont responsables de cette tragédie.
Car il est tragique que les héritiers d'un peuple qui n'a connu aucune victoire collective, mais qui a plutôt accumulé les défaites, qui est déchiré en permanence au sujet de son avenir et se considère désormais comme corrompu, soient privés de la mémoire, si l'on se fie à l'étude de la Fondation Lionel-Groulx. La Coalition pour l'histoire, qui regroupe avant tout la Société Saint-Jean-Baptiste et la Fondation Lionel-Groulx, se mobilise devant cette étude accablante: 23 % seulement des cégépiens suivent des cours d'histoire et, de ce nombre, 8 % seulement ont des cours d'histoire du Québec. Dans 75 % des cégeps, le cours d'histoire a disparu. Autant dire qu'on l'a éradiqué.